Réussir son recrutement est devenu un enjeu de taille pour les entreprises. Si les compétences techniques des candidats sont toujours aussi importantes, le savoir-être doit-il prendre le dessus ?
Quelle que soit la méthode de recrutement choisie, les entreprises essaient de mettre toutes les chances de leur côté en optant pour la personne, à la fois la plus compétente, mais également la plus susceptible de s’intégrer facilement au sein d’une équipe. Quels critères faut-il alors privilégier : le savoir-faire ou bien le savoir-être ? La réponse dans cet article.
Pourquoi les compétences techniques n’ont plus autant la côte ?
Si les compétences techniques occupent toujours une place importante sur les offres d’emploi, elles ne pèsent plus autant sur la balance au moment du choix du candidat final. Les résultats d’une étude menée par Pôle emploi en mars 2018, vont en ce sens et rapportent que “6 employeurs sur 10 estiment que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques”. Plusieurs raisons peuvent en effet expliquer cette baisse d’entrain significative pour les savoirs-faire techniques.
Des métiers qui ne cessent d’évoluer
Tout d’abord, il est facile de comprendre qu’avec l’évolution fulgurante des technologies amènent les métiers à se transformer. Les métiers d’hier ne sont plus les métiers d’aujourd’hui, et sont très éloignés des métiers de demain. En ce sens, Laurent Blanchars, directeur général de Page Personnel, explique dans un article paru sur Le Parisien que :
« Les compétences techniques (hard skills, par opposition aux soft skills, les compétences douces) intéressent moins les employeurs. Les métiers évoluent, ce qui entraîne une obsolescence rapide des qualités techniques. Nous évoluons dans des environnements plus diffus, avec des organisations générales plus complexes à appréhender. Il devient nécessaire pour les entreprises de recruter des salariés capables de faire demain ce qu’ils ne font pas aujourd’hui. »
L’accès facile et immédiat au savoir
Aujourd’hui, grâce aux outils de notre époque le savoir est devenu très accessible. Quel que soit l’endroit et le moment, il est très facile d’obtenir des informations et de se former sur un sujet précis. Une simple recherche google suffit. Vous avez des difficultés à maîtriser ce nouveau logiciel ? Youtube vous apporte des solutions immédiates avec une kyrielle de tutos. Tout le monde est ainsi capable de se former sur le tas, sans pour autant avoir le diplôme associé.
Une étude réalisée par Monster en novembre 2018, confirme cette approche et dresse la conclusion suivante : « Les actifs n’hésitent plus à suivre des formations courtes et professionnalisantes ou à se reconvertir. Les mentalités et les parcours tendent à évoluer et font ainsi bouger les lignes des plans de carrière jadis linéaires ».
Miser sur les soft skills
Si depuis quelques années, le secteur des ressources humaines font des softs skills leur cheval de bataille, il semblerait que les employeurs soient également convaincus par ces compétences douces. Contrairement aux hard skills, ou compétences techniques, les soft skills sont difficilement mesurables puisqu’elles touchent à la personnalité et au caractère de l’individu.
Pour l’Apec, il s’agit d’”une sorte d’intelligence comportementale qui caractérise la manière dont une personne interagit dans ses relations avec les autres”. Fabrice Mauleon, co-auteur du livre “Soft Skills : développez vos compétences comportementales, un enjeu pour votre carrière”, va plus loin et définit ces softs skills comme « des caractéristiques personnelles qui permettent d’interagir de manière efficace et harmonieuse avec d’autres personnes, ce sont des compétences qui relèvent plus de la personnalité, et qui dépendent (si vous voulez faire un parallèle) plus du cerveau droit que du cerveau gauche (cerveau gauche plus analytique et cerveau droit plus intuitif). Les soft skills sont les compétences que l’on mobilise le plus dans nos organisations. Nos collaborateurs consacrent de plus en plus de temps à instaurer de l’harmonie et de l’efficacité au sein de nos équipes. »
Les softs skills les plus appréciées des RH
Les résultats de l’enquête réalisée par Monster en novembre 2018, nous livrent un classement des soft skills les plus appréciés des professionnels des ressources humaines :
- l’adaptabilité et l’agilité, pour 29 % ;
- l’esprit d’équipe, pour 14,7 % ;
- la rigueur et l’organisation, pour 13 % ;
- la motivation et la passion, pour 11,5 % ;
- l’empathie et l’écoute, pour 8 %.
De façon générale, toutes ces soft skills renforcent à la fois la culture de l’entreprise mais aussi son organisation “agile”. Le rythme d’évolution des structures étant toujours plus rapide, toutes les compétences permettant de coordonner, de donner du sens et de créer du lien sont convoitées.
Les mad skills : la nouvelle tendance en matière de recrutement
Encore assez confidentielles aujourd’hui, les mad skills convainquent de plus en plus d’employeurs. Mais que se cache-t-il derrière cette expression ?
Les mad skills ou talents exceptionnels
Il semblerait que les softs skills ne soient bientôt plus suffisantes pour se différencier de la concurrence. Désormais, les recruteurs s’intéressent de plus en plus aux mad skills que l’on peut associer à des compétences extraordinaires lié à un domaine d’expertise hors du cadre professionnel. Il s’agit de trouver des talents exceptionnels, des profils atypiques qui apporteront une nouvelle vision. « On parle ici d’un loisir ou d’une passion à haut niveau qu’il s’agisse de sport ou d’artistique. Ce n’est pas un hobby, il est plutôt question d’apporter un côté professionnel à ses loisirs. Prenez une personne qui a participé aux JO. Si un recruteur cherche une personne, persévérante, capable d’embarquer une équipe, elle a le profil idéal. Elle saura motiver son équipe mieux que personne », explique Pauline Lahary, fondatrice de myCVfactory.
Les limites aux mad skills
Si les mad skills sont de plus en plus tendance, elles ne séduisent pas pour autant tout le monde et sont loin d’être le premier critère de recrutement. « Les grands groupes ne sont pas ouverts à ce genre de recrutement innovant. Ce sont plutôt les start up et les PME qui s’y essayent », affirme Amélie Favre-Guittet, co-fondatrice de l’agence de recrutement Trymeup dans un article de Cadremploi.
Nous en avons tous bien conscience, réussir aujourd’hui son recrutement est devenu un challenge de taille. Il est loin le temps où prédominaient les compétences techniques comme premiers critères de sélection. Avec le développement exponentiel des technologies, il est maintenant indispensable de choisir des candidats présentant des soft skills comme l’adaptabilité et l’autonomie. Certains mêmes cherchent la perle rare pour booster leur activité, en misant sur les mads skills. Un savant mélange des compétences techniques, des soft skills et des mad skills semblerait donc être la recette gagnante.
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